Publié le juillet 15, 2021

L’Outre-mer et l’esport, le développement d’une relation victorieuse

Sous la forme d’une fédération, une ligue ou une association, les contrées ultramarines offrent régulièrement de petites initiatives étudiantes qui font pressentir un avenir esportif. Pour des coins d’archipels souvent isolés par plusieurs milliers de kilomètres des grandes compétitions métropolitaines, l’Outre-mer semble devenir le terrain de compétitions de plus en plus sérieuses.

 

Session de compétition au Mada Rocket League Festival

 

Le festival Mada : marque d’engagement de la Martinique pour l’esport et le jeu vidéo

 

Lan.Est.Party inaugure un esport local

Le Mada Rocket League Festival est un élan courageux à lui seul, parti de pas grand-chose, pour finalement fédérer douze cités autour de lui. À l’origine du projet, on trouve l’association Lan.Est.Party, dont l’envie est de faire communauté et de communiquer de façon pédagogique sur les jeux vidéo, notamment au travers de temps de jeux ouverts à tous (« playing-time ») avec un petit tarif (20 euros). Pour un peu plus cher (80 euros), la petite association propose un accompagnement professionnalisant à différentes compétences (stage, master class, formation, etc.).

 

C’est l’arrivée d’Hervey Eudaric en tant que secrétaire qui a permis l’émergence du Mada Rocket League Festival. Sous la forme d’une caravane, transportant tout le matériel nécessaire, les membres de Lan.Est.Party brancheront leurs ordinateurs dans douze cités, appelant qui le veut à la compétition, pour finir le voyage par une finale le 21 août à Fort de France. L’événement profite de l’engagement de toutes ces communes, chacune remplissant la cagnotte du tournoi et amortissant les frais de la compétition. Cette participation des administrations publiques, c’est une chance, et à la fois une chose pas si inédite en Martinique.

 

Une histoire martiniquaise de l’esport relancée par Rising Opossum

L’association Rising Opossum, organisation affiliée directement à France Esports, a ainsi pu ouvrir le premier salon du jeu vidéo et de l’esport de l’île en 2019 : Madin Esport Day. Sous l’impulsion de l’association marsupiale, l’événement a également pu voir le jour pour la première grâce au soutien de la Direction de la Jeunesse et des Sports et de la Cohésion Sociale (DJSCS), institution publique soucieuse de l’usage du jeu vidéo par la jeunesse.

 

Dans les Antilles, l’île est connue, entre autres, pour son école en animation Parallel 14 (ouverte en 2014), sa pionnière développeuse Muriel Tramis et son vice-champion esportif Mike Moreton lors de l’ESWC 2005 (Esports World Convention) qui avait alors remporté 9000$ sur PES. Rien d’étonnant alors à ce que le sujet soit récupéré par les pouvoirs publics afin de faire du jeu vidéo un talent martiniquais. Chez les voisins antillais, on constate cependant une autre approche de l’activité esportive, qui prend une échelle quasi internationale et dont l’écho, quant à leurs succès, fait des envieux.

L’équipe de Rising Opossum au Madin Esport Day

 

Les Antilles à l’assaut des compétitions internationales

 

Les Caraïbes et le désir de fédérer

Dès 2006, les Caraïbes expriment le souhait d’organiser des compétitions à plus grande échelle, regroupant l’arc de cercle d’îlots qui s’allonge de Cuba jusqu’aux côtes du Venezuela. La Cyberleague Carribean est lancée, avec le sponsor méconnu LeStudio, avec l’objectif d’organiser des compétitions dans tout l’archipel. Malheureusement, la ligue est aujourd’hui disparue et n’a pas vraiment laissé de traces remarquables de son passage. Son sponsor LeStudio a également disparu, ce qui a pu précipiter la chute de la ligue.

Après cela, ce sont quelques matchs amicaux en LAN qu’ont pu s’échanger les Caraïbes et il faudra attendre 2020 pour voir l’inauguration d’une fédération. La CEFA (Caribbean Esports Federations Alliance) engage alors la signature de douze territoires, dont la Martinique et Guadeloupe. Elle organise chaque année une compétition où se disputent les signataires, visant à faire émerger les talents de l’archipel. Une convention mémorandum d’entente est rédigée, actant la volonté de se représenter en une entité unie, pour favoriser l’essor de l’esport dans la zone. Pour le moment, c’est La République Dominicaine qui se place première des tournois, suivie par le Venezuela puis la Guadeloupe.

 

La Guadeloupe a soif de réussites avec Giga Games

Au sein de la Guadeloupe, c’est l’association Giga Games qui mène la danse. Créée il y a 17 ans par Samuel Jourson, c’est réellement depuis 2015 que Giga Games fait parler d’elle, avec l’organisation des Giga’Games Caribbean World Cup qui a pu voir concourir des délégations venues d’Europe ou du Moyen-Orient, pour des récompenses allant jusqu’à 10 000€. C’est à ce moment qu’elle se transforme en Fédération, devenant une institution esportive pour toutes les îles des Caraïbes. Elle devient très vite la plaque tournante de l’esport en Guadeloupe et des événements divers commencent peu à peu à habiter l’île, faisant émerger des profils talentueux.

 

On a ainsi le Guadeloupe Giga’Cosplay Challenge, des tournois sur Smash Ultimate ou Fifa, ou la Giga’Games International Cup. Inévitablement, des prix notables sont remportés par les membres de la fédération, animant l’aura qui entoure l’historique de l’île : vice-champion de France de la coupe eCopa Coca-Cola, top 3 au championnat caribéen (CEFA) ou encore vice-champion  à la compétition « efoot.1 ».

 

À raison, la Guadeloupe souhaite profiter de cet élan pour projeter ses ambitions à l’international. Samuel Jourson, président de la fédération Giga Games, confie ainsi son envie de voir une participation aux jeux olympiques d’esport en 2024 :

 

En peu de temps, cette discipline olympique a été plébiscitée par les jeunes, au point de devenir plus populaire que certaines installées depuis très longtemps. Je suis le 3e ambassadeur du e-Sport, et mon but est qu’il y ait une équipe dans chaque territoire de la Caraïbe, pour concourir en 2023 aux jeux Panaméricains qui se dérouleront au Chili.

 

En 2018, on retrouve une ambition similaire, à l’initiative d’Andy Zébus qui lance avec Esports Guadeloupe le Game Over Challenge. L’événement est sympathique, familial, et il est aussi une façon détournée pour cibler les meilleurs joueurs en vue d’une compétition d’envergure. En effet, pour la seconde session du Game Over Challenge, en 2020, les trois top 1 (des trois jeux proposés : Dragon Ball FighterZ, Tekken 7 et Super Smash Bros. Ultimate) représenteront la Guadeloupe à l’impressionnante Gamers Assembly, Lan-party qui rassemble les meilleures équipes du monde.

 

 

L’effet boule de neige des sponsors

 

L’exemple de l’essor de la Guadeloupe

On constate, depuis cinq ans, que la région guadeloupéenne profite d’un éclat inédit, et révèle sur ses terres volcaniques un bel avenir pour l’esport. Il n’en fallait pas moins pour attirer l’œil des sponsors qui ont joué un grand rôle dans le succès de Giga Games. Dès 2015, ceux-ci prennent conscience du marché qui naît peu à peu dans l’île, et c’est grâce à eux que les compétitions et les organismes peuvent émerger.

 

La Guadeloupe constitue un bon exemple du système économique très schématique des sponsors et de leur développement au fil de l’évolution du marché. Isolé d’une France Métropolitaine qui ne souhaite pas importer ses compétitions dans les régions les plus lointaines, le territoire de la soufrière a dû d’abord montrer patte blanche avant de se lancer à l’international. GigaGames a ainsi dû attendre une quinzaine d’années, étoffer son catalogue sans cesse, et former des talents pour attirer le regard de sponsors. Ce n’est qu’une fois les premiers succès obtenus que les sponsors prennent le risque (moindre) de s’engager avec une fédération, sur une compétition ou une équipe esportive.

 

À partir de là, cependant, avec un modèle économique qui rentre en jeu, les formations deviennent possibles, de plus gros lots pour attirer de plus gros joueurs sont envisageables, et la compétition peut prendre très vite une envergure mondiale.

 

Les grandes marques, initiatrices de compétitions

L’argent appelle l’argent, et la compétition devient un puits du marché dans lequel viennent s’engouffrer tout un tas de commerces célèbres. Coca-Cola, Air France, Orange, McDonald’s, Carrefour et autres centres commerciaux, tous constituent l’apport financier principal de ces compétitions esportives.

 

Il faut bien noter l’importance des sponsors dans l’émergence des associations et des compétitions esportives. Sans le soutien et l’apport financier de ces marques majeures, il sera très difficile, voire impossible, d’obtenir le matériel, la location du lieu et les récompenses. Selon le rapport 2018 du marché de l’esport par Newzoo, 40% des revenus seraient assurés par les sponsors. Viennent ensuite la publicité à 19%, les taxes de diffusion à 18%, les éditeurs à 13% et enfin le merchandising à 11%. Les grandes marques développent ainsi une autre façon de toucher un public jeune, à savoir que les compétitions sont principalement constituées d’hommes entre 16 et 25 ans (90%) et de femmes entre 26 et 30 ans (9%). La population dite « millenials » se détourne en effet des médias traditionnels (télévisions, magazines radio, etc.), et les sponsors voient dans les compétitions esportives un moyen nouveau d’atteindre ce jeune auditoire.

 

Leurs ambitions peuvent aller plus loin, lorsqu’elles deviennent elles-mêmes les organisatrices principales de compétitions. En 2018, Coca-Cola lance l’ECOPA, compétition d’esport mondiale sur Fifa 18. Ensuite, c’est au tour du média la 1ère de s’inventer lanceur de tournois virtuels. La chaîne de radio et de télévision est connue pour son traitement de l’actualité ultramarine, et c’est tout naturellement qu’à l’occasion de la coupe du monde 2018, elle propose la compétition esportive efoot.1, qui rassemble certes la France Métropolitaine, mais aussi les pôles Réunion/Mayotte, Antilles/Caraïbes et Nouvelle-Calédonie/Polynésie. Très souvent, ce sont aussi les centres commerciaux locaux qui accueillent les tournois ou les organisent, à l’instar de Destreland qui organise depuis 2019 la Destreland Gaming Cup en Guadeloupe.

 

L’esport, un filon économique

Le cas particulier d’Orange qui tisse sa toile

Pour une grande partie des Drom-Com, le plus important investisseur français reste Orange. La firme de télécommunications s’intéresse de très près aux nouveaux enjeux du jeu vidéo. À titre d’exemple, elle lance en 2016 son média dédié à l’esport, Rush Esport, animé par les twitcheurs Aypierre et Kayane. Puis en 2019 sa plateforme Orange Esport Experience encadre et agit en tant qu’incubateurs pour les pays du Moyen-Orient et d’Afrique, en organisant des compétitions sur plusieurs territoires.

 

Pour les régions ultramarines de France, cet investissement est marqué par des compétitions et des aménagements importants. En effet, un manque qui est souvent évoqué par les Outre-Mers au sujet de l’esport est l’absence du très haut débit, qui désavantage sévèrement les concurrents face aux détenteurs de la fibre en France métropolitaine. Bien heureusement, cela ne devrait plus être d’actualité encore longtemps, puisque Orange opère depuis 2018 une modernisation du réseau dans ces territoires. Ainsi, la firme débute sur l’île de la Réunion sa mission d’apporter la fibre à tout un chacun, et en 2020 elle rapporte couvrir déjà 50% de l’île.

 

Ce travail est en cours, plus récemment, dans les deux autres grands ensembles, situés chacun aux extrémités du globe : Antilles/Guyane et Polynésie/Nouvelle-Calédonie. Cela permet à Orange d’asseoir sa primauté sur les événements esportifs, participant activement et techniquement à leur essor. De là est issue l’Orange Esport League pour les Caraïbes ou les Run Esport Series pour la Réunion.

 

 

L’esport à la Réunion : plus actif que le piton

 

Un cluster vidéoludique

La Réunion profite d’une réputation de gamer de plus en plus forte. Véritable cluster des entreprises de développement, son syndicat Bouftang regroupe toutes les initiatives professionnelles du jeu vidéo, les protège et accompagne leur évolution. Très récemment, c’est le studio Pitaya qui s’est formé sur l’île, autour d’une équipe de neuf personnes, issues pour la plupart de l’institut de l’image ILOI.

 

On peut donc dire que l’île se met aux manettes de façon sérieuse et est prête à saisir toutes les occasions pour renforcer son milieu. Le boom vidéoludique est confirmé par l’émergence d’un salon dédié, nommé Geekali, qui en 2018 est un succès retentissant. Le salon réitère sa formule chaque année depuis, avec toujours plus de nouveautés, et est en passe de devenir un rendez-vous du jeu vidéo réunionnais.

 

Orange sur le qui-vive

Attiré par ce petit puits de nouveautés, Orange lance en 2018 une compétition esportive au côté de l’association Geek.re et Kayane : Kayane Session 974, qui, comme son nom l’indique, invite Kayane en tant qu’ambassadrice de l’événement. C’est l’occasion pour la firme de télécoms de mettre en avant son investissement pour l’île, avec un déploiement de la fibre à 100% pour le lieu de l’événement : la cité des Arts à Saint Denis. De ce lancement grandiose naît la confirmation de l’émergence d’un pôle esportif, et à partir de là apparaissent une ribambelle d’initiatives prometteuses.

 

Shapeless Esport se constitue en équipe esportive, et organise des tournois à son nom. Elle développe également le Volcano Gaming Tour, rendez-vous annuel qui s’étale toute l’année et qui regroupe dans ses finales une cinquantaine de joueurs. Autre association, aux activités plus modestes, il y a Geek.re qui compte parmi ses membres un champion réunionnais historique : Tikok. Il possède en effet le titre de champion d’Afrique au jeu King of Fighters. D’autres cercles de jeu esport voient le jour, comme le Cartel de Quasar, Run Cup, ou Rising Sun.

 

Fort d’une expérience acclamée avec la Kayane Session, Orange remet le couvert et se lance cette fois-ci pleinement dans une compétition annuelle dédiée exclusivement à l’île. Ce sont les RunEsport Series, qui constituent depuis 2020 la principale compétition esportive de la Réunion. L’offre est inédite de la part d’Orange, qui complète non seulement un besoin grandissant, mais qui développe pleinement un service dédié à l’île, ses structures, et à l’écoute des associations esportives citées ci-dessus. L’entreprise sait néanmoins qu’il s’agit là d’un investissement prometteur, et qu’elle a tout à y gagner en se plaçant aussi tôt dans le contrôle du marché.

 

3ème édition de la Volcano Gaming Tour

La timidité des terres océaniques

 

Un petit modèle calédonien aux fondations solides

Certes, avec un engagement plus modeste, on retrouve ce modèle de sponsoring en Nouvelle-Calédonie, alors que le développement de l’île en matière d’esport en est encore à ses débuts. En effet, la BCI (Banque Calédonienne d’Investissement) a annoncé en 2020 son soutien à l’association fondatrice de l’esport de l’île : l’ESNC (Esport Nouvelle-Calédonie). Seule véritable référence pour la population insulaire, l’ESNC constitue en effet à la fois un pôle important de l’esport tout en étant la seule initiative à s’être épanouie sur toute l’île.

 

Malgré cela, l‘ESNC est confiante, car il vaut mieux un pôle uni et fort, plutôt que de multiples groupuscules bataillant pour fédérer un public. Sur sa chaîne Twitch, elle comptabilise ainsi environ 13000 spectateurs, et lors des derniers tournois, la Pepsi Fifa Cup et les championnats de League of Legends, on a dénombré environ 400 joueurs qui se sont mêlés aux matchs.

 

Avec le gigantesque territoire australien, et la zone asiatique bouillonnante à proximité, il reste difficile d’établir un pôle autonome qui s’alimenterait par des circuits compétitifs locaux (comme dans les Caraïbes). Adrien Ductane, président de l’ESNC, remarque que la Nouvelle-Calédonie reste un territoire d’expérimentation en ce qui concerne l’esport, et son avenir est encore incertain, notamment au manque du développement de la fibre internet :

 

Je ne pense pas qu’il y ait un joueur calédonien qui vive du jeu vidéo, même si cinq joueurs ont côtoyé les plus grandes équipes australiennes et ont touché un salaire pendant un petit moment. Nous restons sur une niche et la connexion sur le territoire n’est pas la meilleure.

La Pepsi Cup 2020 à Nouméa organisée par l’ESNC

L’oubli de la Polynésie française

Plus loin, reculé dans l’horizon de l’océan du Pacifique sud, la Polynésie française reste un territoire français, un COM (Collectivité Outre-Mer) qui ne semble pas s’orienter vers autre chose que le tourisme. La principale île, Tahiti, fait à ce sujet rêver les détenteurs de yachts et on ne l’imagine pas dans des mythologies autres que paradisiaques.

 

Il y existe pourtant une vie quotidienne et urbaine, mais le coût très élevé de la vie (31% plus élevé qu’en France Métropolitaine) et son isolation en fait une île au développement lent. Elle ne profite pas d’un archipel aménagé, avec lequel elle pourrait construire un réseau technologique, comme dans les Caraïbes. Des commerces indépendants de jeux vidéo rassemblaient la communauté vidéoludique dans les années 2000, mais ceux-ci ont totalement disparu pour faire place aux grandes surfaces Carrefour et Hyper U.

 

Ce n’est pas étonnant, alors, que l’on ne compte qu’une seule association fédératrice d’esport et de jeux vidéo sur l’île : Tahiti Nui Arena, créée en 2002. D’abord destinée à rester un petit groupe d’amis, l’association est devenue au fil du temps détentrice de serveurs en lignes et organisatrices d’événements e-sport ou geeks pour toute la Polynésie. On devine qu’il s’agit de leur part d’un travail intense, pour entretenir l’organisme, le faire progresser, de 2002 à aujourd’hui.

 

Une tentative plus ambitieuse est à noter avec l’arrivée d’un projet étudiant nommé la Tahitian esport cup. C’est à l’initiative d’une équipe de cinq étudiants en DUT commercial qu’a vu le jour cette compétition. Elle a pour but de développer l’esport en Polynésie à l’aide de sponsors. La 1ère édition a été une réussite en début d’année, avec un soutien matériel de Carrefour. C’est un début prometteur, et avec un partenaire international, le projet pourrait connaître l’effet boule de neige de la Guadeloupe et La Réunion.

 

La petite équipe qui a créé la Tahitian E-sport Cup

 

Un engouement global pour l’esport, qui rencontre des contraintes technologiques et géographiques

 

On constate très clairement trois grands pôles innovants en esport dans les Drom-Com, mais qui progressent chacun à leur manière. La Réunion profite de ce qu’on pourrait appeler un traitement de faveur, l’île étant le lieu d’aménagements réguliers par la France Métropolitaine, sur le plan technologique, industriel ou de l’emploi. Son cluster vidéoludique lui fournit un élan non négligeable pour se lancer dans l’esport, tandis que les Caraïbes débutent seulement maintenant les travaux de modernisation (fibre). Les Antilles profitent cependant de compétitions très différentes, alimentant la création associative, tout en nourrissant une solidarité entre les îles. Du coté de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie, tout semble à faire, et leur isolement n’aidera certainement pas à donner confiance aux sponsors, pourtant essentiels.

 

Partout, on remarque cependant que les territoires ne sont pas aménagés pour la compétition, ou sont en phase de recevoir la fibre. Les décalages horaires sont aussi à prendre en compte (parfois 6 ou 12 heures de décalage), car un joueur esportif des Drom-Com devra alors aménager son quotidien et son sommeil longtemps avant la compétition. C’est un élément qui peut mener ces territoires français à se tourner vers des compétitions internationales étrangères plus proches, comme les Caraïbes, l’Afrique ou l’Australie.

 

Dans tous les cas, les sponsors représentent une part prédominante dans le développement de l’esport et sont génératrices d’un marché faramineux. En ce sens, les infrastructures publiques ont tout intérêt à équiper leurs îles pour offrir aux associations les moyens de renforcer leurs talents (Gaming House, formations, écoles, subventions, etc.) et les mener ainsi à la victoire.

Le cybercafé Ingame Tahiti, qui accueille des compétitions, mais est aussi un foyer de la communauté

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